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Histoire des églises, patrimoine

Histoire de Notre-Dame au Moulleau (Arcachon)

Notre Dame des Passes au Moulleau

A l’origine du lieu

Un site

En gascon Moulleau ou moullo signifie un monticule, une éminence sableuse.
Par extension, le nom s’applique à un lieu-dit constitué d’un poste de douanes et de cabanes de résiniers dans la forêt, habitat traditionnel des Landes de Gascogne associé à la pratique du gemmage (exploitation de la résine des pins).

Un contexte

Crée en 1857, la ville d’Arcachon s’étend vers le Moulleau qui en est son extrémité sud-ouest.
Deux bordelais, Aurélien de Grangeneuve et William Papin achètent 32 hectares à Jean Baptiste Dalis et créent la société immobilière du Moulleau pour permettre une extension à la cité balnéaire, avec la création de quartiers à partir de la ville d’hiver, la ville de printemps, la ville d’automne et le quartier Abatilles-Pereire.
La construction de Notre Dame des Passes vient compléter le site qui souhaite garder son caractère un peu reculé, à l’écart du centre urbanistique de la ville d’Arcachon tout en en étant proche.

 

Le sens de l’église

L’église du Moulleau a pour vocation de veiller sur les marins et de les protéger des dangers des passes.
« Notre-Dame » est la Vierge Marie protectrice des marins et des pêcheurs.

Les «passes» désignent les passages du bassin vers la mer que peuvent emprunter les bateaux. En effet, le bassin d’Arcachon est constitué de bancs de sables qui sedéplacent avec les marées, les courants et le vent et qui ont été toujours dangereux.
Au XlXème siècle, tout le monde a en mémoire le gron malhour de 1836, un naufrage qui fit 77 victimes.

La fondation de l’église

Les Dominicains de Bordeaux à la recherche d’un lieu permettant un lieu de repos et de retraite à l’écart pour les frères malades ou âgés, le Père Mouls leur propose le site du Moulleau.
Par son entremise, un accord est passé entre le révérend P. Minjard prieur du couvent des dominicains de Bordeaux et les nouveaux propriétaires. Ceux-ci souhaitent offrir un nouveau lieu de culte aux nouveaux arrivants.
L’accord se fait pour un terrain en échange d’un engagement de la part des frères dominicains à rendre le service du culte.
La chapelle construite en 1863 sur les plans de l’architecte bordelais Louis Garros est inaugurée le 24 mai 1864 par le Cardinal Donnet, la même année que ND de la Garde de Marseille avec laquelle elle présente de nombreuses similitudes !
La basilique ND d’Arcachon quant à elle, située sur un site identique à ND des passes, a été construite entre 1853 et 1861.

Architecture extérieure

L’architecte bordelais Louis Garros diplômé de l’école impériale des beaux—arts de Paris élabore les plans. En dépit de ses goûts ‹Renaissance Française» et «gothique anglais», il s’oriente pour l’église du Moulleau vers une architecture romane de style grec orthodoxe, avec une influence byzantine en vogue à cette époque (cf Sacré Cœur de Montmartre 1873).
Peut-être un rappel pour les religieux des missions réalisées au Moyen Orient !

La première église

L’édifice est en plan allongé comprenant un vaisseau couvert par une fausse voûte en berceau (idem pour le chœur). La croisée du transept est couverte par une fausse coupole sur pendentifs décoratifs.
La chapelle n’est éclairée que par les deux rosaces à chaque extrémité de la nef : elle est très sombre ressemblant à « une crypte de la primitive Église ».

L’élévation ouest (la façade) comprend une travée centrale (porte cintrée surmontée par une baie circulaire) encadrée de part et d’autre d‘une tour-clocher de plan carré couverte par un toit. Ces deux tours carrées symétriques, avec plusieurs étages avec ouvertures, entourent l’entrée de l’église, elle-même surmontée par une grande rosace, et viennent donner à l’édifice son aspect de monumentalité. Elles étaient dotées à l’origine de clochetons en forme de dômes ou bulbes venant parachever l’aspect vertical.

La rénovation

Lors de travaux de rénovation et d’agrandissement de l’église en 1928, menés par Alexandre Garros, le fils de Louis Garros, lui-même arcachonnais, les clochers ont été remplacés par de simples toits en terrasse. Le transept surmonté d’une coupole et |e chœur sont alors ajoutés dans le prolongement de la nef de la chapelle originelle. La surface au sol de l’église est ainsi plus que doublée. La cloche principale de l’église, œuvre du fondeur tarbais André Darricau, est placée dans d’une des tours.

Sur le fronton, un écusson porte le monogramme « A M » (Ave Maria) signifiant que la chapelle est placée sous le patronage de la Vierge Marie.
Les matériaux utilisés, la brique rouge, la pierre blanche, les toits en tuiles romanes, donnent une coloration méditerranéenne à l’ensemble. L’utilisation de la brique réchauffe cet édifice au caractère fruste et austère, sur la façade de laquelle, la décoration est quasiment absente.

Les locaux conventuels sont aménagés dans deux bâtiments accolés à la chapelle et servent de contreforts à l’édifice : au rez-de-chaussée, on trouve la sacristie, une cuisine, un réfectoire, des salles de réunion, une bibliothèque et un parloir. A l’étage, huit chambres individuelles. Un grand jardin assez escarpé où une fontaine de style gallo-romain et un calvaire sur un socle de briques sont encore visibles est à la disposition des religieux.

La décoration intérieure

Une décoration originale essentiellement composée de fresques peintes directement sur les murs. Elles ont été réalisées par Louis-Aimé Bordieu, maître-verrier toulousain.
On remarque les fresques multicolores et, surtout, la frise des anges consacrée aux Litanies de la Vierge. La plupart des médaillons disposés à mi-hauteur des murs représentent des anges portant sur des coussins différents objets à la gloire de Marie : des fleurs, des couronnes, de l’or…
De manière surprenante, le visage de certains anges s’inspire des membres des familles qui ont aidé financièrement pour la réalisation des peintures. De même, sur un de groupes figure la Porte du Ciel mais le peintre a choisi de représenter la porte principale de la Cité interdite de Pékin pour rappeler les nouveaux liens qui venaient d’être instituée entre la Chine et l’Europe au moment de la construction de l’église.
Après l’agrandissement de l’église en 1927, un nouveau peintre Jean-Baptiste Vettiner va compléter les fresques sur les murs. Celui-ci a réalisé les décorations de plusieurs grandes églises de la région comme Saint-Ferdinand à Arcachon et Sainte-Geneviève du Sablonnat à Bordeaux. Cette fois-ci, elles ne seront pas peintes directement sur la paroi mais réalisées en atelier puis marouflées sur les murs de l’église. Vettiner respecte le style de Bordieu en créant de nouveaux médaillons représentant des anges avec divers attributs. Pour le fond du choeur, il s’inspire d’un tableau de Fra Angelico, célèbre peintre de la Renaissance, intitulé Le Jugement dernier.
Le tout se révèle d’une grande simplicité et d’une étonnante gaieté : les multiples couleurs des fresques et des médaillons tranchent en effet avec l’ornementation classique des églises.

L’importance de la lumière

La chapelle d’origine n’est éclairée que par deux rosaces : celle du chœur et celle de l’entrée. Elle est donc très sombre. Le vitrail du chœur est une Vierge à l’enfant avec un lys symbole de pureté tandis que la rosace de l’entrée, très stylisée, est constituée d’une croix accompagnée de l’inscription «Dieu seul».
Après l’agrandissement de l’église, d’autres ouvertures ont été ajoutées avec plusieurs vitraux dont celui de Saint-Dominique dans le chœur qui rappelle l’origine dominicaine de Notre-Dame-des- Passes et celui de Saint-Joseph.

Quelques éléments remarquables

Le magnifique autel et la chaire sont des réalisations locales, ils sortent des ateliers Gaume de Pyla-sur-mer.
Dans le transept nord, se trouve une petite statue en bois du XlXème siècle. Sculptée par Gabriel-Jean Thomas, membre de l’Académie des Beaux-Arts et prix de Rome de sculpture en 1848, cette Vierge de l’Avent est une représentation rare de Marie enceinte. Elle est restée longtemps dans la chapelle privée des Filles de la Charité de saint Vincent de Paul de la rue du Bac à Paris (la chapelle de la Médaille miraculeuse) et a été donnée à la paroisse en 1993.

La présence dominicaine

Aujourd’hui, l’église Notre—Dame-des-Passes, devenue pour beaucoup Notre-Dame du Moulleau, est l’un des lieux de prière et de recueillement préférés des Arcachonnais. De nombreux mariages y sont célébrés.
Les Dominicains en ont été chassés il y a déjà plus d’un siècle, mais ils n’ont cependant pas complètement déserté les lieux.
Chaque année au mois d’août, une équipe de frères et de sœurs dominicaines missionnée par le couvent de Bordeaux et la province de Toulouse, vient sur place à la rencontre des estivants : prédications, célébrations, temps de prière, soirées conviviales sur le parvis et même des séances sportives sur la plage : c’est la Week op.

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